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[DIVERS] [LANGAGE] [NR15]
Bonjour!
[Laurence]
> je viens de relire les explications de JP sur le langage fonctionnel. Un
> tel langage serait d'une pauvreté hallucinante, incroyablement limité
> pour un usage quotidien dans le but de simplement communiquer. Pourquoi?
> Si on prend un mot soit-disant objet, comme par exemple un pichet, un
> tel mot est en fait une photographie d'une portion de vécu,
> représentatnt non seulement une fonction mais aussi tout un contexte
> complexe qui permet de donner un sens à la communication, de se relier
> au contexte évoqué, ce qui est somme toute essentiel (voir à ce sujet
> entre autre les écrits exceptionnels par leur qualité de Boris
> Cyrulnik).
Un "mot-objet" (Jean Pollion) = une "portion de vécu" (Laurence).
Soit. Cela implique que la communication est impossible lorsque les
deux interlocuteurs n'ont pas en commun une longue liste de telles
"portions de vécu" (non seulement les mots, mais aussi les tranches
de vie correspondantes). La personne qui ne partage pas de référents
avec son interlocuteur est incapable de communiquer, nous en sommes
tous, je pense, bien conscients.
> Ce n'est pas parce que notre conscient est incroyablement
> limité qu'il faut se représenter le langage comme une fonction aussi
> simpliste qu'une fonction algébrique. La personne qui ne peut plus
> donner de sens à une communication cesse tout simplement de communiquer.
Oui, mais il ne faut pas se représenter un langage fonctionnel comme
une fonction aussi simpliste qu'une fonction algébrique. C'est *très*
différent et *pas du tout* mécaniciste, contrairement aux fonctions
algébriques. En fait, le langage décrit par Pollion est *entièrement*
orienté vers la maximisation de la facilité de compréhension par le
destinataire du message: les fonctions utilisées pour former un mot
ne servent qu'à décrire *du point de vue de l'auditeur* le concept que
le locuteur veut transmettre. Autrement dit, les mots sont créés en
fonction (1) de l'idée à transmettre et (2) du destinataire du message,
de façon à évoquer le plus directement possible cette idée dans la
pensée de ce destinataire.
> Ainsi un langage purement fonctionnel s'appuyant sur la combinaison d'un
> nombre très limité de concepts abstraits excluant le contexte ne serait
> valable que pour un robot biologique. Bref un parfum de brave new world.
Le langage décrit par Jean Pollion est formé de combinaisons d'un
nombre très limité de *relations élémentaires* appliquées au contexte
de l'auditeur, tel que le connaît le locuteur.
> Après tout pour s'en convaincre rien de tel que l'expérimentation, mais
> pour obliger les cobayes à ne pas réintroduire du contexte (ce qui donne
> du sens), faudra avoir recour à des moyens de persuasion très méchants.
Pour vérifier, rien de tel en effet que l'expérimentation pratique.
Je me suis donc livré à une telle expérimentation avec six interlocuteurs
à qui j'ai envoyé par email une "clé de décodage" (un extrait un peu allégé
du bouquin de Jean Pollion) puis un certain nombre de messages entièrement
formés de mots "oummains façon Jean Pollion" composés par moi et absents
des lettres, or *dans tous les cas* le message a été compris (la précision
de la compréhension allant de "compris les grandes lignes & le sens général"
jusqu'à "compris dans tous les détails et envoyé une réponse compréhensible
dans le même langage").
Tous les interlocuteurs n'avaient eu au préalable aucun contact avec ce
langage (les mots "oummain, "ummite", "UMMO" n'étaient pas mentionnés),
l'expérience étant proposée comme un test de capacité de décoder des
messages secrets dont le code (fourni) était décrit comme purement
sémantique (codant des idées plutôt que des mots), donc à traiter un peu
comme une langue étrangère.
L'ampleur de cette expérience (6 interlocuteurs) n'est pas suffisante pour
prétendre que les résultats ont une valeur scientifique ou statistique.
Il faudrait une expérience de beaucoup plus grande ampleur pour ce faire.
Mais les résultats sont, à mes yeux, de bons indices de la validité au
moins partielle de l'analyse que Jean Pollion a faite de ce langage.
A tout le moins, ce qui est décrit dans son bouquin permet de transmettre
des informations de type conversationnel de façon compréhensible.
Au vu de cette expérience, l'hypothèse qu'une communication significative
exige l'usage d'un langage utilisant des "mots désignant des objets" (à
la façon de nos langages naturels) me paraît maintenant dépourvue de support.
Je suis un scientifique, pas un philosophe, et la pierre de touche des
connaissances scientifiques, c'est l'expérience, pas l'autorité d'un auteur
ou d'un penseur.
Ici l'expérience m'a montré très clairement qu'un langage dont les mots
sont formés de séquences ordonnées de caractères simples désignant chacun
une relation élémentaire (c-à-d: une fonction de base), le contexte étant
*entièrement* implicite (la table de décodage a été fournie explicitement
ainsi que la suggestion qu'il s'agissait d'un test de décodage d'un code
purement sémantique, servant à transmettre des idées et non des mots)
permet effectivement de transmettre de l'information portant sur la vie
de tous les jours.
Je suggère qu'une expérience de plus grande envergure soit tentée par
quelques-uns d'entre nous pour tester plus scientifiquement cette idée
de langage basé sur quelques relations (ou fonctions) de base plutôt
que sur un immense vocabulaire (liste de mots désignant des "portions
de vécu").
Peut-être apprendrons-nous quelque chose de nouveau sur la fonction de
communication, au lieu de continuer à tourner en rond en ressassant chacun
nos idées préconçues, comme nous sommes clairement en train de le faire.
Vives amitiés à Laurence et à toutes/tous les listeuses/listeurs,
Norman.
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